Licenciée au HAC Triathlon, Delphine Levasseur vient d’accomplir un exploit exceptionnel il y a quelques jours. Terminer la légendaire Diagonale des Fous à La Réunion. 180 km et 10 500 m de dénivelé avec 25% d’abandons chaque année. En 51 heures d’effort, elle a repoussé ses limites
pour franchir la ligne d’arrivée de l’un des ultra-trails les plus durs au monde. Rencontre
avec une femme de courage et de détermination.
Peux-tu brièvement te présenter et nous parler de ton parcours sportif ?
Je m’appelle Delphine Levasseur. J’ai 46 ans et je travaille comme conducteur machine dans
une entreprise d’aéronautique.
J’ai commencé la course à pied en 2015 avec la section course à pied de mon entreprise
Safran Nacelles. Ensuite, je me suis inscrite au HAC Triathlon en 2023 pour pratiquer ce sport. Mais finalement, on m’a demandé d’intégrer l’équipe féminine de duathlon donc toujours pas de
triathlon.
Tu as terminé très récemment l’un des ultras trails les plus difficiles du monde, avais-tu déjà fait des courses de ce genre ?
J’ai déjà fait quelques belles courses comme la VVX 110 km. Cette année comme trail de
préparation, j’ai fait le Mont Ventoux. Ainsi que le grand défi du Radicatrail, la Diabolik de Ragnar, la Montagn’hard en juillet. Et au mois d’août, la 6VO, c’est une course à étape de 175km avec
10000 mètres de dénivelé positif.
Et tout ça pour faire la diagonale des fous ! Peux-tu nous en parler ?
La diagonale des Fous, c’est une course de 180 km pour cette année avec 10500 de
dénivelé qui traverse l’île de la Réunion.
Qu’est-ce que l’on se dit quand on s’inscrit à une telle course et comment s’y prépare-t-on ?
J’avais très peur de ne pas réussir ce défi. J’ai couru mais j’ai surtout pris un abonnement dans une salle de sport pour travailler le renforcement musculaire. Et pour le dénivelé positif, je m’entraînais dans des escaliers.
La diagonale des fous est particulièrement complexe dû au dénivelé et aux
conditions, as-tu durant les 51 heures pensé à abandonner ?
Oui j’ai pensé à arrêter sur un ravitaillement pendant la deuxième nuit avec mon mari. Nous
avions décidé de nous arrêter pour dormir un peu mais nous avons eu extrêmement froid.
Nous avons demandé à ce moment-là s’ il y avait possibilité de se faire rapatrier. On nous a
répondu que non, qu’il fallait aller jusqu’au prochain ravitaillement. Entre temps, j’avais eu le
temps de réfléchir… et de m’enlever cette idée de la tête heureusement ! Je suis donc repartie plus déterminée que jamais !
Quelles sensations as-tu ressenties lors de ton arrivée ?
Un sentiment de fierté de mission accomplie ! J’avais tellement peur de décevoir toutes les
personnes qui croyaient en moi.
As-tu une chose qui t’a particulièrement marquée durant cette course ?
Ce qui m’a le plus marqué, c’est toute ces couvertures de survie qui enveloppait tout c’est
traileurs sur les bas-côtés des sentiers pour un moment de repos.
As-tu connu des contrecoups après cette course ?
Juste après la course, sur la route du retour, j’ai eu des hallucinations ! Le lendemain, en me réveillant, mes pieds avaient doublé de volume. J’avais des cloques sous chaque orteil et une très grosse fatigue.
Envisages-tu de refaire une course du même calibre ?
Pour l’instant, non pas de course de prévu !
Enfin, as-tu un mot à ajouter ?
C’est une course extrêmement dure à tous les points. Mais la beauté des paysages, la
gentillesse des gens font que tu as envie de te battre pour aller au bout.



