Une semaine après une défaite non sans combattre contre Lens, le HAC remet son opération sauvetage en route contre une équipe qui n’a plus gagné en Ligue 1 depuis sa victoire à Océane. Son coach, Luka Elsner, apparaît en difficulté à Reims. Le Havre et son nouvel attaquant Ahmed Hassan vont-ils lui porter un coup fatal et se remettre en marche dans la lutte pour le maintien ? Cette semaine nous avons eu la chance d’interviewer Arnaud Valadon, journaliste sport sur RMC, présent sur X et très grand connaisseur du Stade de Reims.
Tout d’abord peux-tu te présenter et nous parler de ta passion pour le Stade de Reims ?
Je m’appelle Arnaud Valadon, j’ai 33 ans maintenant, je suis journaliste RMC Sport Paris en charge de beaucoup de choses et pas concentré uniquement sur le football. Je m’occupe notamment du basket, du handball, du rugby et du foot aussi qui est le sport majeur en France. Concernant ma passion du Stade de Reims, elle provient du fait que j’ai grandi en partie à Reims et comme j’aime le foot, j’ai poussé la porte du stade Auguste Delaune en Ligue 2 à l’époque, vers 2006-2007. De supporter abonné, je suis passé de l’autre côté de la barrière en tant que journaliste. Cette équipe a une place particulière pour moi, surtout maintenant que je ne vis plus à Reims. Je suis content de revenir à Delaune, ça me rappelle beaucoup de souvenirs. Ça fait presque 20 ans que j’y viens.
Que penses-tu du HAC de cette saison ?
C’est une équipe qui joue le maintien, c’est difficile. Après ça se bat avec ses armes. Évidemment, le contexte économique est compliqué pour tout le monde et encore plus pour Le Havre qui a un bassin de vie qui est à peu près similaire à celui de Reims, donc on peut faire quelques éléments de comparaison entre les deux. Mais le club Champenois a pu se développer depuis quelques années avec sa politique de trading et est donc en avance là dessus.
La saison du HAC est forcément difficile, c’est soit tu gagnes soit tu perds, il n’y a pas de matchs nuls. Dans un contexte de maintien, ce serait bien de chercher un point par-ci, par-là. Ce qui est fâcheux, c’est le bilan à domicile avec par exemple une défaite contre Angers et tu ne peux pas te permettre contre des concurrents directs. Le HAC est là, ils sont loin d’être morts, la place de barragiste est très importante à aller chercher.
Montpellier était beaucoup plus mal embarqué que le HAC. Maintenant il faut gagner des matchs et ne pas laisser Saint-Etienne partir au classement. C’est vrai que les supporters ont exprimé leur mécontentement, j’avais trouvé ça un peu dur même si je ne vois pas tous les matchs et que ce n’est pas simplement parce qu’ils ne gagnent pas. Il y a aussi les attitudes perçues… Je n’ai donc pas forcément tous les éléments pour bien juger.
Que penses-tu du travail de Mathieu Bodmer ?
Déjà il amène des idées, c’est quelqu’un de passionné, qui est une énorme bosseur, qui adore le football et qui est attaché au club auquel il donne tout même s’il n’y a pas évolué en tant que joueur. L’année dernière j’étais venu voir le match de la victoire contre Lyon et je leur avais porté bonheur.
Je serai à Auguste Delaune dimanche. Je ne sais pas à quelle équipe je vais porter bonheur. Si le HAC gagne on aura la réponse car je n’ai pas encore assisté à une victoire de Reims en tribune cette saison. Concernant Mathieu Bodmer, il est amené à devenir un directeur sportif d’un plus gros club dans le futur. Il sent bien le foot.
Récemment tu disais qu’il y a “beaucoup de jeunes prometteurs, mais qu’il est compliqué de mettre devant des cadres” selon toi comment faut-il manager cette équipe ?
Forcément si je savais comment manager je ne serais pas là, c’est compliqué et différent du basket que je suis régulièrement. Ils sont seulement 5 joueurs sur le terrain et non 11 comme au foot. Au basket un joueur très fort aura toujours plus d’emprise qu’au football. L’impact sera moins immédiat par rapport à un LeBron James. Ce que je voulais dire, c’est quand il y a beaucoup d’écart entre des joueurs très expérimentés et un joueur que tu as payé 10 millions, c’est très compliqué de le mettre en concurrence.
Tu te dis pourquoi il ne le met pas lui… Le coach doit aussi gérer un vestiaire et en assumer les conséquences. Quand on construit une équipe, ça reste compliqué de dire au joueur international de rester sur le banc parce que je vais mettre le jeune recruté. Il peut y avoir des répercussions qu’on ne connaît pas sur la vie d’un groupe. C’était plus dans ce sens là que je m’étais exprimé.
Que penses-tu du technicien Luka Elsner, l’ancien entraîneur havrais qui est actuellement sur la sellette au stade de Reims ?
Je pense que c’est plutôt un entraîneur de deuxième partie de Ligue 1. Un entraîneur de maintien serait un peu péjoratif. Il a quelques idées. À Reims on voit quand même une forme d’obstination, même si concernant le match en coupe contre Monaco il a un petit peu changé. Après avec l’effectif qu’il a, il faut prendre en compte qu’il ne peut pas faire de miracles. Beaucoup de jeunesse, postes non doublés..
Quand il y a une méforme, il ne peut pas forcément faire de rotation. Il a donc cet aspect de circonstances atténuantes. Au bout de 6 moins on peut commencer à juger. Au début il y a l’effet nouveauté. Moi je juge la capacité des coaches à se sortir de cycles négatifs. Si Reims gagne face au Havre, il y aurait un début de cycle positif qui se mettrait en place après avoir éliminé Monaco en coupe de France.
Mais Reims n’a plus gagné à domicile depuis quasiment 2 ou 3 mois. A l’époque, c’était contre Montpellier. Pour juger Luka Elsner il faudra attendre encore un petit peu car 6 mois c’est court. Après la loi du foot, c’est que quand ça ne va pas, le coach est le fusible…
Sur ton compte X tu disais également “il y a une parfum de fin de règne pour Teddy Teuma” penses-tu qu’après 3 ans de bons et loyaux services il devrait partir ?
Je l’ai dit car il a un début de saison qui ressemble comme à un déclassement. Lors de la belle série du Stade de Reims, il n’était pas titulaire, était un peu à l’écart. Il retrouve Luka Elsner avec qui ça ne s’était pas bien passé à l’Union Saint-Gilloise. Malgré le fait qu’ils disent qu’il n’y a pas de soucis, on sent des non-dits. Je ne suis pas sûr que ça se passe dans un climat de confiance absolue entre les deux. C’est un ressenti et non une info.
Votre dernière victoire en championnat était contre nous, le 10 novembre dernier, pensez-vous pouvoir relancer la machine ce week-end ?
Le match en coupe contre Monaco a peut-être fait basculer Reims. Ils ont des temps forts mais moins qu’avant. La victoire au Havre à l’extérieur est un des seuls succès après la trêve internationale d’octobre. Ça s’est délité depuis la défaite contre Auxerre. Il y a eu ensuite beaucoup d’énervement dans l’équipe. Heureusement qu’il y a eu cette victoire au Havre qui était somme toute logique.
Vous avez joué ce mardi en coupe de France face à l’AS Monaco, penses-tu que la fatigue jouera un rôle pour le match de ce week-end ?
Non car c’était un match en plus à domicile le mardi. Mercredi et jeudi repos en plus. Donc 0 fatigue.
S’il y a un joueur du HAC que tu prendrais à Reims, qui serait-il ?
L’année dernière j’avais beaucoup aimé Kechta et Targhalline au milieu. On sent qu’ils veulent faire vivre le ballon. Ils m’avaient tapé dans l’œil notamment le match contre Lyon que j’étais venu voir.
Enfin un pronostic pour le match ?
Aucune idée ! Je ne suis pas très bon pour les pronostics. Peut-être un 2-1 pour Reims. Le match en coupe a fait du bien. Après on n’est pas a l’abri d’une surprise et si Le Havre arrive mentalement déterminé… Contre Lens ils ont été un peu plus dangereux. Ils doivent surtout éviter de prendre des buts. Sur leurs 4 victoires, ils n’avaient pas encaissé de but. Ils doivent ouvrir le score même si ce sera compliqué de défendre ensuite comme contre Lens.
Merci beaucoup, Arnaud !
Crédit photo : Hugo Pfeiffer/Icon Sport
