Les yeux dans les yeux !
Les Ciel et Marine affrontaient dimanche après-midi le favori et leader incontesté de la Ligue 1, le Paris-Saint-Germain (PSG) dans un Stade Océane qui a battu son record de spectateurs pour un match officiel.
Pourtant donnés largement perdants face au club de la Capitale, les Havrais ont fait mieux que résister en bousculant les leaders de L1.
Un début de match idéal
Pour ce choc, Luka Elsner avait décidé de reconduire son schéma défensif hybride à 4 ou 5 selon les phases de jeu avec Loïc Négo qui redescend et remonte au gré des possessions. En revanche, le staff technique havrais avait fait le choix de densifier le milieu de terrain en y ajoutant un élément, Yassine Kechta.
Ce choix a permis au HAC de maîtriser à la surprise générale la possession de balle ( 75% à la 10e minute ) dans un début de match où tous les éléments se sont retournés contre les Parisiens. D’abord avec la blessure de Fabián bien plus grave que ce que l’on pouvait penser a priori à la 5e minute puis avec l’expulsion du gardien Gianluigi Donnarumma à la 10e minute sur une sortie aussi incompréhensible que dangereuse pour Josué Casimir qui avait réussi à prendre les devants face à une défense parisienne totalement apathique.
Le pressing haut des Havrais a empêché le PSG de déployer son jeu habituel, d’autant plus après l’expulsion de leur gardien. Ce scénario inattendu n’était pas forcément adapté aux choix de joueurs du début de match avec seulement deux joueurs exclusivement à vocation offensive ( Bayo et Casimir ) comme l’a indiqué Luka Elsner en conférence de presse d’après match.
Un PSG au réalisme glacial
Après ce début de match cauchemardesque où ils n’ont pas ressorti un ballon proprement, les Parisiens ont profité pleinement des transitions grâce à leur force de frappe offensive représentée par Kylian Mbappé. A la 20e minute déjà, Mbappé a profité d’un espace entre les défenseurs centraux pour s’y engouffrer avant de buter sur Arthur Desmas, toujours aussi efficace dans ses cages.
Ce face-à-face fut le prémisse de l’action suivante qui a fini au fond des filets trois minutes plus tard lorsque Mbappé reçut un ballon plutôt anodin à l’entrée de la surface avant de le convertir en but. A ce niveau, un petit temps faible de 5 minutes sur toute une première période totalement maîtrisée ne pardonne pas. A l’inverse, le PSG invisible jusque là a pris les devants a paradoxalement profité de l’expulsion de son gardien pour inverser la tendance et ouvrir le score. Ensuite, les joueurs de la capitale n’ont fait qu’enfermer les Havrais dans un jeu de possession auquel ils ne sont pas habitués.
Un HAC dominateur mais stérile
Ce petit temps faible sanctionné tout de suite par le PSG fut suivi d’un moment de flottement pour nos Ciel et Marine qui se sont retrouvés avec le ballon sans vraiment savoir quoi en faire. Jusqu’à la mi-temps, les Hacmen se sont laissés entraîner dans un faux rythme en même temps que leurs supporters.
Les Parisiens, pourtant à dix ont pu se créer plus d’opportunités que lors du début de match en profitant de plusieurs ballons perdus côté havrais. Le PSG s’est ainsi procuré presque autant de xg ( 0,47 contre 0,66 ) que nos Ciel et Marine tout en ne tirant que trois fois au but.
La première période s’acheva donc par un avantage au score d’un but du club de la capitale et un HAC assez apathique après un début de match pourtant tonitruant.
Le HAC est revenu avec d’autres intentions
Dès la reprise, Luka Elsner et son staff ont voulu insuffler une nouvelle dynamique avec les entrées de Joujou et d’Alioui au détriment d’Abdoulaye Touré et de Loïc Négo. Ces choix offensifs ont très vite payé puisque le HAC a remis le pied sur le ballon et dominer sans partage cette deuxième période.
Avec beaucoup plus de rythme, la possession de balle largement dominée ( 71% sur l’ensemble du deuxième acte ) s’est convertie en de nombreuses occasions ( 1,37xg et 14 tirs ).
Le jeu s’est alors tourné vers les côtés pour étirer le bloc parisien réduit à 10 pendant presque tout le match. La maîtrise havraise a alors été implacable mais comme souvent le club doyen a vendangé dans les trente dernières mètres.
Un manque d’efficacité de plus en plus flagrant et pénalisant
En effet, seul 7 des 34 centres tentés ont trouvé preneur et sur les 42 ballons touchés dans la surface de réparation, les Havrais n’ont cadré que 7 fois au but sans jamais faire trembler les filets malgré 2,03 xg.
On ne peut clairement pas minimiser le rôle d’Arnau Tenas, habituel troisième gardien du PSG dans ce cleen sheet parisien tant le gardien catalan a paru imbattable sur sa ligne, bien aidé parfois par le destin.
Cependant, la finition havraise a aussi manqué de tranchant à plusieurs reprises. Ce fut le cas en première période, à la 7e minute, avec l’opportunité énorme de Gautier Lloris qui reprit de manière bien trop tendre le ballon repoussé par Donnarumma ou avec le face-à-face raté de Josué Casimir à la 42e minute mais ce manque de réalisme est encore plus criant en deuxième période lors des nombreux temps forts havrais à partir de la 60e minute.
Mohammed Bayo notamment s’est retrouvé plusieurs fois en position idéale pour marquer avant de buter sur le gardien catalan. Que ce soit du pied droit sur un face-à-face après un magnifique service d’Alioui mais aussi en reprenant un magnifique centre ou du pied gauche sur un centre à ras de terre, l’attaquant guinéen prêté par le LOSC a toujours connu le même sort, un arrêt de Tenas.
Il n’a pas été le seul à buter face à l’ancien de la Masia puisque Nabil Alioui a aussi eu l’opportunité d’égaliser mais le portier catalan et le destin en avaient décidé autrement.
Mais le pire n’était pas encore arrivé ! Après ces nombreuses occasions ciel et marine ratées, le PSG a tué définitivement le match à la 88e minute par l’intermédiaire de son milieu de terrain portugais Vitinha sur une frappe contrée par Gautier Lloris, auteur d’une excellente prestation jusque là. Comble du réalisme, après avoir été totalement dominés, les Parisiens ont donc doublé la mise assurant ainsi leur victoire.
Une défaite mais beaucoup de positif à en tirer
Il est vrai que le HAC a perdu 2-0 et enchaîne donc un 7e match sur 8 sans marquer mais le club doyen peut tirer des enseignements très positifs de ce face-à-face entre champions de France.
En effet, nos Ciel et Marine ont réalisé une prestation très intéressante en dominant le Paris Saint-Germain que ce soit dans la possession, ce qui est extrêmement rare ou dans les occasions créées. Par ailleurs, le changement tactique à la pause a tout de même créé un électrochoc offensif qui a permis au HAC de se procurer de nombreuses situations dangereuses.
Il ne s’agit donc pas d’un problème tactique, d’autant que Luka Elsner sait faire preuve d’adaptation lorsque le schéma est parfaitement appréhendé par l’adversaire pour les mettre en danger mais plutôt d’un problème mental devant le but.
Paradoxalement, depuis le début de saison, à l’exception du match face au FC Lorient, le HAC a inscrit des buts dans des matchs où il surpasse ses expected goals ( Montpellier, Rennes, Clermont et Toulouse ) et n’en marque pas dans les matchs où ils s’en procurent beaucoup ( Lens, Monaco, Paris notamment ). Il s’agit donc sûrement d’un problème de confiance devant le but, en particulier face aux grosses équipes.
Il est clair que le coach et le staff vont mettre l’accent sur la finition mais tout supporter havrais doit prendre un peu de recul et se rendre compte du chemin parcouru pour en arriver à avoir des regrets de ne pas gagner face à l’ASM et au PSG.
Espérons que cette série noire s’achève dès la semaine prochaine en Alsace face au RC Strasbourg, qui est aussi l’une des pires attaques de L1 pour que le HAC retrouve à la fois le chemin des filets et les trois points et se donne de l’air sur la zone de relégation.
Toujours avancer, ne jamais rien lâcher, la devise des Havrais !
Crédit photo : Mégane Fréchon ( Insta : mgn.photo )