Dimanche dernier, dans un match capital dans la course pour le maintien, le HAC a battu Montpellier 1-0. Laissant derrière lui le club héraultais décroché, le club doyen a quant à lui raccroché le wagon de ses concurrents directs qui ont tous gagné ou presque le week-end passé. Cette victoire capitale n’a cependant pas dissipé les doutes qui entourent l’effectif de Didier Digard. Analyse des enseignements à tirer avant la réception de Reims demain.
Un schéma tactique défensif qui porte ses fruits !
A l’annonce de la composition, beaucoup ont été déçus du peu d’ambition affichée sur le papier par le staff havrais. Pas étonnant me diriez-vous vu la cabale d’une partie du public contre le bouc-émissaire Digard… En effet, le coach a été à nouveau sifflé la semaine passée avant même le début de la partie… Et pourtant, ce schéma tactique en 5-4-1 a été utilisé deux fois cette saison… Pour deux victoires !
Avec ce choix, le coach ciel & marine et son staff ont clairement voulu mettre en valeur les points forts de l’effectif. En premier lieu, la défense à 5 qui semble désormais incontournable dans l’esprit de Didier Digard donne de bons résultats face aux adversaires de moindre calibre. Les joueurs défensifs commencent à se créer de plus en plus d’automatismes dans ce système. Les errances dans le placement défensif des pistons que l’on voyait en début de saison ne sont plus à l’ordre du jour.
La régularité de cette décision a porté ses fruits… Le HAC a réussi un nouveau clean-sheet bien aidé, il faut le dire, par l’apathie de l’attaque montpelliéraine. Il s’agit du deuxième clean-sheet de la saison après celui de Saint-Etienne. Mais aussi le deuxième seulement depuis mars 2024. Preuve s’il en fallait une que les mauvaises performances défensives ne datent pas d’hier.
Un milieu à 4 pour maîtriser davantage le jeu !
Au-delà de la défense à 5 qui n’est pas surprenante, le choix fort est venu de la titularisation de 4 milieux axiaux. A l’instar du match face à Auxerre, le staff havrais a voulu davantage maîtriser le déroulé de la partie. Avec Touré, Ndiaye, Kechta et Targhalline, le HAC a dicté le tempo. Cela peut paraître paradoxal puisque sur le papier, ce schéma semble défensif. Mais dans les faits, les deux matches des Ciel & Marine en 5-4-1 sont aussi ceux où ils ont eu le plus la possession ( 49% dans les deux cas ).
En effet, le fait d’évoluer à 4 au milieu permet aux joueurs créatifs tels que Targhalline ou Kechta d’avoir beaucoup plus de liberté. Et cela a été flagrant dimanche dernier. Oussama Targhalline a d’ailleurs effectué sa meilleure prestation de la saison. Finies les pertes de balle coupables ! On a senti le milieu marocain plein de confiance ! Outre cette capacité à jouer les chefs d’orchestre, les milieux peuvent aussi beaucoup plus se projeter tout comme les pistons. Ce fut le cas bien sûr de Rassoul Ndiaye face à Auxerre en début de saison.
Moins en réussite dimanche dernier, le milieu sénégalais ne fut pas aussi décisif. Que ce soit sur sa reprise à la 18e minute comme sur sa frappe de l’extérieur de la surface à la 53e minute. Mais on l’a vu plus souvent dans les trente derniers mètres qu’à l’accoutumée. Idem pour Yassine Kechta qui aurait pu obtenir un pénalty sur l’une de ses montées à la 27e minute… De l’autre côté Touré, brassard de capitaine au bras permet d’avoir un réel équilibre devant les 3 centraux. Un équilibre qui n’a jamais été ébranlé par des Pailladins qui n’ont cadré qu’une seule frappe…
Une animation offensive encore trop timide !
Mathématiquement, le choix d’évoluer à 5 derrière et à 4 au milieu oblige le staff à n’aligner qu’un seul attaquant. Ce fut le cas d’André Ayew dimanche face au MHSC. De retour en pleine forme, le ghanéen a montré des qualités hors normes pour l’effectif ciel & marine. Très précieux dans la conservation du ballon, il a souvent permis au bloc de remonter. Et ainsi faciliter la projection offensive des milieux et pistons déjà évoquée.
Malgré cela, on l’a senti souvent esseulé devant. Attendant des solutions, on l’a vu parfois faire des tours sur lui-même avant de pouvoir donner le ballon. L’entrée d’Emmanuel Sabbi a permis de créer davantage d’opportunités offensivement. Cependant, une fois de plus cette saison, le but havrais est venu d’un coup de pied arrêté. A l’origine de l’action du pénalty, on peut souligner la participation de Sabbi qui centre pour son compère de l’attaque, André Ayew.
Cependant, on attend toujours le premier but d’un attaquant havrais cette saison. Auteur de son 3e but cette saison sur pénalty, Abdoulaye Touré est le meilleur buteur ciel & marine. Une statistique symptomatique de l’inefficacité des attaquants havrais depuis plusieurs saisons déjà. Il est clair que ce schéma ne va pas leur faciliter la tâche mais André Ayew est capable de s’y accommoder. En tout cas, il a mené seul en attaque un groupe qui a rarement tiré autant cette saison ( 12 tirs ).
Des résultats qui vont redonner confiance au groupe ?
Force est de constater que cette priorité mise depuis le match à Rennes sur la solidité défensive a porté ses fruits. Certes, on a connu mieux en termes de jeu ! Mais les raclées subies par les Hacmen depuis le début de saison ont fait du HAC le club avec le 3e pire goal-average de L1… Il fallait donc d’abord corriger le tir avant d’aspirer à mieux.
De plus, comme nous l’avons observé, ce schéma qui semblait très défensif a paradoxalement produit des effets positifs offensivement. En libérant les milieux dans la projection et en mettant en valeur les qualités de l’effectif, Didier Digard et son staff auraient-ils trouvé la formule idéale ? Seul l’avenir nous le dira ! Toujours est-il que le club doyen a pris trois points fondamentaux pour rester dans la lutte. Une 3e victoire face à des concurrents directs qui pourrait être bonifiée par un résultat positif face à Reims.
Ce succès a certainement donné de la confiance à un groupe qui en manque cruellement comme l’ont prouvé plusieurs choix de passes timides en début de match face à Montpellier. Le coach Digard a toujours poussé ses joueurs à prendre des risques ! Nul doute que ce schéma qui apporte des garanties défensives leur permet clairement de le faire en sécurité ! C’est désormais aux joueurs de prouver qu’ils sont capables de le faire régulièrement et concrétiser les bons ballons dans les trente derniers mètres. Dimanche contre Reims, le HAC affrontera un coach qui connait par cœur l’effectif, ses atouts et ses défauts. Espérons tout de même que les joueurs de Didier Digard sauront lui jouer des mauvais tours…
Crédit photo : Emmanuel Lelaidier ( hac-foot.com )
