Bienvenue dans ce troisième volet de “L’interview by Hacmen” (après Marcel Kalonji et Laetitia Philippe). Aujourd’hui, Nolan Mbemba nous a accordé le plaisir de répondre à quelques questions. L’ex Ciel&Marine est arrivé au club librement durant la saison 2020/2021, a connu l’année de la montée en Ligue 1, et joue désormais pour le club montagnard de Grenoble, en deuxième division. Formé au LOSC, le milieu défensif a foulé les pelouses de 6 clubs : le LOSC (U19, réserve, pro), le Royal Excel Mouscron, le Vitória Sport Clube Guimarães, le Stade de Reims, le HAC, et enfin, le GF38. L’un des acteurs principaux de notre montée en Ligue 1 revient sur sa carrière.
Bonjour Nolan, merci d’avoir accepté de répondre à nos questions. Pour commencer, tu auras connu 6 clubs dans ta carrière. Quelles sont, pour toi, les meilleures années que tu as connues, tant humainement que sportivement ?
Bonjour, merci de m’avoir invité pour votre interview ! D’après moi, les meilleures années que j’ai connu tant sur le plan humain que sportif sont au Stade de Reims, mais également au Havre puisque j’ai fait 2 montées en Ligue 1 et 2 titres de champions de France de Ligue 2. Je dois avouer que ces deux années se sont vraiment démarquées de mon parcours sportif.
Tu arrives dans la Porte Océane le 1er juillet 2020. Commandé par Paul Le Guen, le HAC a terminé cette saison à la douzième place. Tu seras titulaire 13 fois, entré en jeu 10 fois et 6 fois sur le banc. En as-tu des souvenirs, étant donné que tu sortais d’une saison au Stade de Reims sans énormément de temps de jeu en club ?
Oui, évidemment j’en garde des souvenirs, ça aura été l’occasion pour moi de retrouver un petit peu de temps de jeu mais ça n’a pas toujours été simple. La malchance a fait que j’ai connu pas mal de pépins physiques, ce qui avait freiné ma progression.
L’année qui suit se ressemblera, le HAC tiendra une huitième place, tu seras même reconduit au poste d’arrière droit et arrière gauche en début de saison. Sortir de ta zone de confort à ton poste t’aura suivi (y compris sous l’ère Elsner, même si un peu moins), c’est quelque chose qui te plaisait d’être une sorte de couteau suisse ?
Si j’avais eu à choisir, j’aurais préféré évoluer à mon poste de prédilection, autrement dit au milieu de terrain. Cependant, les choses ont fait que j’ai dû évoluer également au poste de latéral, et il faut croire que je m’en sortais plutôt bien. Par ailleurs, cela m’a permis d’accumuler plus de temps de jeu et de polyvalence. Je pense que ça a pas mal aidé l’équipe donc j’en garde malgré tout une satisfaction.
Fin de saison, bouleversement au club. En tribune, le pessimisme est de mis au départ, et puis rapidement la tendance s’inverse. Dans le vestiaire, comment l’arrivée d’un nouveau staff est perçu ? Un choc des cultures avec l’ancien board ?
Malgré le fait que nous, dans le vestiaire, nous ne nous y attendions pas forcément, l’arrivée d’un nouveau staff est bien perçue. Après, la suite on la connaît, avec une saison vraiment exceptionnelle.
Que penses-tu du management de Luka Elsner ? Est-ce un coach qui t’a marqué dans ta carrière ?
Luka Elsner est un coach qui m’a vraiment marqué. C’est une personne avec qui j’ai beaucoup appris. J’aime sa vision du foot, il a su tirer le meilleur de chacun d’entre nous et c’est pas quelque chose de simple pour un coach.
Tu as connu les pires périodes du Stade Océane en terme d’ambiance, mais également les meilleures. Ce renouveau a-t-il également contribué à cette superbe saison ?
Oui c’est clair, ça n’a pas toujours été facile. C’est sûr, avoir réussi à ramener le public havrais dans son stade a redistribué les cartes au sein de l’équipe. Cela a véritablement amené une nouvelle énergie, une nouvelle fraîcheur mentale, ce qui est devenue notre force. Cela a permis à tout le monde de pouvoir s’exprimer, et pouvoir avoir le vent en poupe dans les moments où nous en avions le plus besoin.
En tant que supporters, nous avions l’impression que l’osmose de ce groupe était infaillible. Que cette équipe était prête à tout, pour se dépasser, pour surmonter tous les obstacles qui se dressaient face à elle. Et toi, comment l’as-tu vu et vécu de l’intérieur cette saison ?
Oui c’est clair ! Je partage le même avis. Dans ma carrière, c’est l’un des groupes les plus soudés avec lequel j’ai évolué jusqu’à présent. On était comme une famille, et on voulait toujours se battre les uns pour les autres. C’est quelque chose d’assez rare mais qui est indispensable, je pense, à la réussite d’une équipe.
Le 2 juin 2023 est une date dont beaucoup de Havrais se souviendront. Était-ce également pour toi une consécration, au vu de ton temps de jeu qui aura augmenté de 20 % (≈1.000h en 20/21 – 21/22, et ≈1.200 en 22/23) ?
Oui, évidemment finir champions d’une division, c’est un sentiment à part entière dans la vie d’un footballeur. Je pense que j’ai encore plus eu ce sentiment du devoir accompli quand j’ai senti avoir participé activement à cette montée. Jouer, c’est bien, mais se sentir utile, ça fait vraiment la différence. Et franchement, j’y ai pris beaucoup de plaisir.
Tu retrouves les pelouses de Ligue 1, que tu avais côtoyé avec le LOSC et le Stade de Reims, est-ce que tu as constaté la différence d’exigence entre la première et deuxième division ?
Deux salles, deux ambiances. Il y a beaucoup de caractéristiques qui différencient la Ligue 1 à la Ligue 2, sinon elle ne serait pas si difficile et si prestigieuse aux yeux des clubs des divisions inférieures. Si je devais en retenir quelques leçons, c’est qu’elle est plus technique et évidemment plus talentueuse. C’est là, je pense, que se situent les plus grosses différences.
En Ligue 1, tu trouves un poste qui sera un peu moins sous la lumière des projecteurs en étant régulièrement sur le banc, t’y attendais-tu ? Les quelques minutes, généralement en fin de match, qui t’étaient accordées ont-elles suffi pour toi ?
Être sur le banc, je m’y attendais. Par contre, je ne pensais pas rentrer en jeu aussi tard dans les rencontres, je pensais pouvoir rentrer plus tôt. Cette situation ne m’a pas suffi, sinon je serais resté. Aujourd’hui, j’en garde aucune rancune, au contraire, je garde en tête les beaux moments passés au Havre. Seulement, je n’étais juste pas satisfait de mon temps de jeu, j’ai donc préféré partir.
Tu as marqué un but cette saison en Ligue 1 contre Lorient, ton premier depuis le début de ta carrière, un moment gravé dans ta mémoire ?
Oui, c’est clairement un beau souvenir, mon premier but en Ligue 1. Je n’espère pas le dernier ! Maintenant, gravé dans ma mémoire… Je ne sais pas. J’ai d’autres moments dans ma carrière qui m’ont plus marqué.
Tu as quitté le HAC le 22 janvier dernier pour les montagnes de Grenoble. C’est un projet ambitieux dans lequel tu te reconnais ? Qu’est-ce qui t’a attiré dans ce club ?
Oui, c’est un projet ambitieux qui m’a attiré, j’ai toujours gardé ce goût du défi. En ce moment, on traverse une période très compliquée, mais je reste convaincu qu’il y a un bon groupe, c’est aussi cela qui m’a poussé à rejoindre cette destination.
Même si tu as connu plusieurs clubs, l’adaptation peut toujours être un sujet sensible. Comment l’as-tu vécue à Grenoble, au sein de la ville et de l’équipe ?
L’adaptation n’est jamais un moment facile mais, ici à Grenoble, ça s’est bien passé avec les joueurs. C’est la première fois que je rejoins une équipe à la mi-saison. Ce n’est pas évident ! Malgré le fait que nous sommes actuellement dans une situation compliquée, je prends mes marques petit à petit désormais. En plus, la ville est agréable, le décor est vraiment différent de là-haut, dans le nord de la France.
Comment vis-tu la série noire de six défaites qui a conduit Vincent Hognon vers la sortie ?
C’est clair que ce n’est pas facile, surtout que je suis arrivé depuis peu. À mon échelle, j’essaye de rester calme, faire parler l’expérience que j’ai accumulée toutes ces dernières années, de ne pas paniquer et de travailler encore plus dur pour apporter des solutions à l’équipe mais également montrer ce que je pense être la bonne voie pour les plus jeunes.
Malgré cela, Grenoble a toujours seulement six points de retard sur le premier barragiste, croyez-vous (et surtout toi) toujours à la montée ?
C’est compliqué. Aujourd’hui, nous prendrons match par match. L’objectif est d’avant tout essayer de se mettre à l’abri (également 6 points sur le premier reléguable), ensuite, on pensera à regagner. Le reste, on verra.
Pour finir, as-tu toujours des liens avec certains joueurs du groupe havrais ?
Malgré les plus de 700 kilomètres qui nous séparent aujourd’hui, j’entretiens toujours des relations avec certains joueurs. Comme je le disais juste avant, notre groupe s’est vite soudé comme une famille, il est donc naturel que nous gardions des liens, rien que prendre des nouvelles les uns les autres.
Nolan Mbemba.
Crédit photo : Foot-National