En plein sprint final pour le maintien, les Havrais se déplaçaient au Parc des Princes. Sur le papier, il s’agissait certainement du match le plus compliqué de la saison sur le terrain du futur champion de France. Après la prestation insipide et la défaite logique de la semaine passée face à Metz, les espoirs étaient minces pour le club doyen. D’autant plus que le Paris Saint-Germain pouvait être sacré en cas de victoire. Et pourtant, les Ciel et Marine ont déjoué les pronostics !
Rester solides et piquer en contre !
Pour ce match déséquilibré sur le papier, Luka Elsner et son staff ont choisi un 5-2-3 face au club de la capitale. L’objectif était clair : essayer de donner le moins d’espaces possibles aux Parisiens. D’entrée de jeu, le bloc havrais très bas a empêché les joueurs de Luis Enrique de se créer de nombreuses opportunités.
Le coach slovène a aussi fait des choix très forts en ce qui concerne les individualités ! Salmier a été récompensé de ces dernières prestations. En revanche, Yassine Kechta, Daler Kuziaev et Etienne Youté n’ont pas été alignés. Des choix individuels qui se sont avérés payants puisque toute l’équipe a réalisé une belle prestation excepté les entrants qui n’ont pas réussi à trouver le rythme au pire des moments possibles.
Rapidement mis à mal par la vitesse d’exécution parisienne, les Havrais ont résisté en essayant de réduire au maximum les failles dans l’arrière-garde. La défense à 5 a permis de couvrir aussi les couloirs et de prendre un peu plus de risques quand les attaquants adverses décrochaient. D’autant plus que Négo et Opéri ont réalisé d’excellentes prestations. Comme souvent, Ousmane Dembélé a été à l’initiative de la plupart des actions parisiennes.
Une équipe dominée mais extrêmement efficace !
Face aux coups de boutoir de l’ébroïcien, la défense ciel et marine a plié mais n’a pas rompu. Le contre-pressing parisien a été très efficace dans un premier quart d’heure où le HAC n’a pas réussi à tenir le ballon. Cette possession sans partage ( 74% en première période ) est devenue petit à petit complètement stérile. Après ces 15 minutes compliquées, le Havre AC a effectué les ajustements nécessaires pour moins se mettre en danger.
Mieux encore, les joueurs de Luka Elsner ont enfin réussi à se ressortir. Dans cette conservation du ballon, André Ayew à nouveau préféré à Mohamed Bayo à la pointe de l’attaque a joué un rôle fondamental ! L’ancien marseillais a montré toute l’étendue de son talent dos au but ainsi que son expérience des gros matchs. Sur l’une de ses premières conservations dos au but dans le camp parisien, il servit Josué Casimir d’une talonnade. Une fois le décalage fait, la défense rouge et bleue était en retard !
Le guadeloupéen et Négo ont profité de ce retard pour changer d’aile en trouvant d’abord Sabbi dans l’axe. L’attaquant américain offrit ensuite un excellent ballon en profondeur pour Opéri. Le piston gauche monté pour la première fois de la partie sanctionna directement l’erreur défensive parisienne. Coup de froid sur le Parc des Princes ! Le HAC menait 1-0 à la 20e. Et ce, totalement contre le cours du jeu !
Un seul relâchement… Rapidement sanctionné !
La frappe du latéral ivoirien fit chavirer le magnifique parcage ciel et marine. 1000 supporters havrais en feu qui vont malheureusement être douchés 8 minutes plus tard… Sur un erreur de Sabbi, le PSG récupéra le ballon sur un nouveau contre-pressing. En effet, l’américain tenta un dribble dans sa propre surface… Hakimi ne tomba pas dans le panneau et prit le ballon dans ses pieds.
La rapidité du jeu parisien fit le reste. Dembélé servit en profondeur Warren Zaïre-Emery qui fêta sa prolongation par une passe décisive pour Barcola qui conclut dans le but vide. Une erreur, un but. L’exigence du très haut niveau ne laisse pas de place à la moindre faille. Ainsi, Paris égalisa logiquement face à une équipe qui n’a fait que subir.
Hormis cette occasion, le HAC a montré une vraie solidité. Malgré la possession largement en sa faveur, le PSG n’a jamais donné l’impression de rouleau-compresseur. Au contraire, le club de la capitale ne s’est pas créé beaucoup d’opportunités. Il finit la première période avec une seule frappe cadrée qui a mené au but et 1,07 expected goal. Des stats qui reflètent parfaitement l’efficacité des choix tactiques de Luka Elsner qui a gagné son duel face à Luis Enrique.
André Ayew dans son jardin !
Dans l’autre surface, le HAC a pour une fois été clinique ! Avec très peu de ballons touchés dans le camp adverse, les Havrais ont tout de même viré en tête à la pause. Et ce, grâce à un homme : André Ayew ! Le marseillais s’est régalé samedi soir en territoire ennemi. Déjà à l’origine du premier but, le ghanéen profita du magnifique travail de Négo lancé dans la profondeur par Salmier sur un ballon long.
L’ancien nantais mit dans une très bonne position André Ayew grâce à une talonnade qui a surpris Beraldo déjà en retard sur le ballon long. Son compère de la défense, Danilo Pereira fut guère plus réactif ! Avec son expérience, Ayew s’en rendit compte et déclencha une frappe sans même l’avoir éliminé. Cette frappe trompa Navas et remit le HAC en tête !
Le club doyen en manque de réussite offensive en passait deux en 45 minutes au champion de France sur sa pelouse. Il n’a fallu que trois frappes cadrées et 0,23 xg pour que les Ciel et Marine enflamment les 1000 spectateurs venus de la Porte Océane. Incrédules, ils voyaient enfin leurs protégés être réalistes au meilleur des moments possibles !
Le HAC fait le break…
A la pause, le HAC était donc devant. Une situation très favorable puisque le club doyen n’a jamais perdu dans pareil cas cette saison. De quoi être optimistes pour cette deuxième période ! D’autant plus que les entrées de Mbappé, Mayulu et Kang-In Lee n’avaient aucun effet sur un PSG toujours aussi ronronnant avec cette fois 81% de possession dans le deuxième acte.
Malgré ce contrôle total du ballon, les Havrais ont même réussi à avoir deux buts d’avance. Sur un nouveau ballon joué dans le dos de la défense à la 58e minute, Négo devança Danilo. Le portugais surpris frappa dans le pied de l’international hongrois. Pénalty ! Une fois de plus, Négo a fait des dégâts dans cette partie. A l’instar d’Opéri de l’autre côté, l’animation des couloirs a été une clé de la partie côté havrais. Quelque chose de presque habituel pour Opéri, le défenseur le plus décisif offensivement de L1.
Beaucoup moins pour Négo, souvent cantonné à un rôle d’ailier. A voir si Luka Elsner décide de reconduire ce système à 5 qui laisse plus de libertés aux pistons. Pour l’instant, celui-ci a mieux fonctionné lors des grosses rencontres comme face à Lens que lors des matchs de bas de classement. Quoiqu’il en soit, cette action de Négo allait être décisive. En effet, Abdoulaye Touré sanctionna tout de suite le club de la capitale avec un troisième but. Sur le seul tir havrais de la deuxième période, le HAC marqua et prit deux buts d’avance. 1-3 !
Mais les individualités parisiennes ont fait la différence !
A partir de là, Luis Enrique a réagi avec l’entrée de Ramos notamment. L’attaquant portugais allait être le facteur déterminant de cette fin de rencontre. Avec un Kolo Muani fantomatique et un Mbappé qui ratait tout ce qu’il entreprenait, le PSG ne pouvait pas mettre à profit sa domination du ballon.
L’ancien avant-centre du Benfica était donc là pour conclure le peu d’occasions que ses coéquipiers lui offraient face à l’arrière-garde solide du HAC. De l’autre côté, les entrants havrais ( Kechta, Kuziaev, Joujou ) ont eu un mal fou à se mettre au diapason de leurs coéquipiers. Il faut dire qu’ils sont rentrés au pire des moments possibles. Quand les Parisiens étaient en train d’accélérer…
Cela coïncida aussi avec le réveil du Parc bien aidé par l’utilisation de la sono du stade. Une chose très rare au haut niveau qui a eu son influence puisque l’ambiance morose laissa place aux chants de tout le stade alors que jusque là les Havrais se faisaient entendre. Coïncidence ou non ? Le deuxième but parisien est intervenu à ce moment précis. Ramos très en jambe s’est défait de Touré et Targhalline avant d’éliminer Lloris, monté beaucoup trop haut sur l’action. L’axe central délaissé par Lloris fut justement l’endroit où s’engouffra Hakimi, qui profita de l’énorme travail de Ramos qui lui offrit ensuite un caviar pour ajuster Desmas en face-à-face.
Une fin de match à nouveau frustrante…
Preuve une nouvelle fois que toute erreur à ce niveau est payé au prix fort. A partir de là, le match a basculé ! Avec cette haine de la défaite qui a caractérisé le groupe parisien toute la saison, les vagues des Bleu et Rouge ont été de plus en plus pressantes. L’homme de cette fin de rencontre, Ramos a posé beaucoup de problèmes à la défense ciel et marine.
Ne trouvant pas le cadre par les frappes lointaines ( Vitinha, Mayulu ), les joueurs de Luis Enrique ont préféré jouer les ballons dans la surface sur leur avant-centre. Celui-ci buta une première fois sur Desmas dans un duel que le gardien havrais négocia parfaitement. Mais dans le temps additionnel, il ne put rien sur la tête du portugais qui heurta d’abord le poteau avant de rentrer. Une égalisation cruelle à la 95e minute ! Les Ciel et Marine ont tout donné mais sont encore punis dans le temps additionnel.
Un mal récurrent cette saison qui coûte beaucoup de points à l’arrivée… Cela aurait pu être encore pire si Vitinha avait cadré la dernière frappe de la rencontre au bout d’un temps additionnel à rallonge… Les individualités parisiennes ont clairement fait la différence notamment avec l’entrée de Ramos. Côté havrais, le manque d’expérience du très haut niveau a empêché le HAC de verrouiller ce résultat inespéré comme l’a souligné Elsner en fin de partie.
Une prestation qui redonne espoir !
Malgré cette égalisation et la frustration qui en a découlée, le club doyen a réalisé une prestation solide avec des valeurs retrouvées. Après la performance largement insuffisante face à Metz qui avait plongé le HAC dans la zone rouge, les joueurs de Luka Elsner ont redonné confiance à leurs supporters. Et aussi à eux-mêmes. Ils se sont prouvés qu’ils étaient capables de bonnes choses.
Toutes ces belles prestations de la première partie ne doivent pas être oubliées. Les Ciel et Marine sont capables de belles choses lorsqu’ils jouent avec abnégation, courage et solidarité. Ce ne fut pas forcément le cas tout le temps pendant cette série noire des 11 derniers matchs. Mais nul doute qu’ils ont montré à tous qu’ils en étaient encore capables !
Et il est clair qu’ils en auront besoin dans ce sprint final ! Dès la semaine prochaine, face à Strasbourg au Stade Océane, le HAC pourrait faire un gros coup dans la course au maintien. Le point du nul à Paris a sorti le club doyen de la zone rouge. Maintenant, il faut s’en éloigner définitivement ! Pour cela, il reste trois matchs ! Trois finales qu’on devra jouer ensemble !
Répondons tous présents comme ce magnifique parcage au Parc ! Remplissons le Stade Océane face à Strasbourg et prouvons que toute la ville est derrière son club ! Pour un objectif commun : le maintien ! Et ainsi, l’an prochain pouvoir revivre ces émotions magnifiques de samedi ! Allez le HAC !
Crédit photo : Emmanuel Lelaidier ( hac-foot.com )