2024 : une “année catastrophique” pour le HAC ?

Après une année 2023 ponctuée par une montée en Ligue 1 et une très bonne première partie de saison, l’optimisme était de mise pour le club doyen et son projet mené par Mathieu Bodmer qui ne connaissait jusqu’alors aucun obstacle sur sa route. Un an après, le bilan est beaucoup moins reluisant… Ce qui a fait dire au directeur sportif du HAC que 2024 était “une année civile pas loin d’être catastrophique“… Retour sur cette année 2024 aux multiples péripéties !

Un maintien à l’arraché !

Il y a un an jour pour jour, le HAC semblait bien lancé dans la course pour le maintien. 11e avec 19 pts à la trêve, le club doyen a pris encore plus d’avance après un mois de janvier réussi. Trois victoires et un nul en quatre matches. La victoire 3-1 face à Lyon fut d’ailleurs l’une des prestations les plus abouties des Ciel & Marine la saison passée. Les deux victoires en Coupe de France face à Caen et Châteauroux embellirent encore le bilan de ce début d’année 2024.

Mais rapidement, celui-ci fut suivi d’une période noire rarement vue dans l’histoire récente du club doyen. Jusque là, la nouvelle direction et le nouveau coach, Luka Elsner avaient marché sur l’eau. Ce fut donc le premier gros obstacle de ce groupe après un an et demi de travail. Passés à travers de nombreux matches à partir de l’élimination à Strasbourg en Coupe de France, les Havrais n’ont gagné qu’un match sur 14 du 22 janvier au 4 mai. Une période où le coach paraissait sans solution

La cassure semblait profonde entre le staff et son groupe. Le message ne passait plus, y compris lors des confrontations directes comme Clermont, Montpellier, Nantes ou Metz. La descente en L2 semblait alors presque inévitable. D’autant plus que le FC Metz, porté par le Roi Georges Mikautadze se relevait petit à petit. Mais les Ciel & Marine réussirent à glaner deux points inespérés à Lens puis à Paris. Avant de s’imposer 3-1 face au Racing Club de Strasbourg, déjà maintenu en Ligue 1. Emmené par André Ayew, indispensable dans cette dernière ligne droite le HAC s’est donc maintenu à l’arraché. Malgré tout, le HAC s’est maintenu pour la première fois au XXIe siècle dans l’élite du foot français !

Départ avec pertes et fracas de Luka Elsner…

Malgré ce maintien dans la dernière ligne droite, cette période noire de plus de trois mois a laissé des traces. Lassé par le manque de moyens et de solutions dans l’effectif, le coach Luka Elsner, artisan de la montée puis du maintien a préféré quitter la Porte Océane. Convoité par le Stade de Reims, le slovène a cédé aux sirènes du club champenois.

Elsner était loué pour ses qualités tactiques qui lui ont valu le titre de meilleur entraineur de Ligue 2 avant d’être nommé dans le top 5 en Ligue 1. Mais même ces qualités n’ont pas pu compenser les limites techniques et mentales de ce groupe. Ce départ fut considéré comme une trahison par la direction. En effet, Mathieu Bodmer et ses acolytes ont très mal pris que le coach parte sans les prévenir. Et ce, alors même que le club lui avait permis de relancer sa carrière d’entraîneur. “Je n’ai pas très bien vécu le départ de Luka, il ne m’a jamais mis dans la confidence” avouait-il alors à Paris Normandie.

Délaissés par le coach qui était une pierre angulaire du projet, Mathieu Bodmer et ses adjoints ont dû se rabattre sur un entraîneur inexpérimenté. Ils ont opté pour Didier Digard, ancien joueur du HAC. Celui-ci avait plutôt réussi sa pige de 6 mois à l’OGC Nice. Dès le début, le but du nouveau coach était clair. Réussir à se maintenir avec un effectif encore plus limité que la saison d’avant.

Un bon début de saison…

Le HAC commença la saison sans numéro 9 de métier. En effet, Bayo retourna à Lille et Ayew n’avait pas encore prolongé. Et le club doyen ne fut pas épargné par le calendrier dès le premier match. Une semaine après la déroute 6-0 à Océane face à Bochum au terme d’une préparation mitigée conclue avec une victoire ( face à Fougères ( N3 ) ), trois nuls et deux défaites, les Ciel & Marine recevaient le champion en titre, le Paris-Saint-Germain.

En ouverture de cette première journée de Ligue 1, le HAC connut un début de match cauchemardesque. Le PSG ouvrait le score à la 3e minute. Le souvenir de la défaite face à Bochum revint alors à l’esprit de tout le public havrais. Mais loin de sombrer, les Hacmen s’accrochèrent et réalisèrent une belle prestation faisant jeu égal avec le PSG. Ils égalisèrent dès le début de la 2e période ( 48e ) avant de prendre l’avantage grâce à Casimir. Malheureusement, le numéro 9 d’un jour fut sanctionné d’une main au départ de l’action. Privés de ce but grâce auquel ils auraient pu mener, les Havrais sombrèrent en fin de match suite aux entrées des stars offensives parisiennes.

Ce score de 4-1 fut très sévère pour le HAC qui a réalisé une belle prestation. Sur sa lancée, le club doyen offrit ensuite deux belles prestations à ses supporters. Séduisant, le collectif de Didier Digard surclassa deux concurrents directs. D’abord, Saint-Etienne à Geoffroy Guichard puis Auxerre au Stade Océane. Le HAC montra alors son meilleur visage avec une maîtrise impressionnante rarement observée même sous Luka Elsner. Beaucoup d’espoir entoura alors le groupe de Digard au moment de la première trêve internationale.

Avant de plonger !

Cette trêve eut malheureusement des effets très négatifs sur le groupe. Surclassés par Toulouse dans un match où ils n’ont pas existé, ils enchaînèrent six défaites d’affilée. Parmi celles-ci, les défaites à domicile face à Lille et Lyon furent particulièrement inquiétantes. Elles illustrent parfaitement les lacunes d’un effectif complètement dépassé par le niveau de l’élite.

Au-delà du niveau, l’état d’esprit du groupe fut vite pointé du doigt par les observateurs. Quasiment incapables d’être soudés pour garder leur cage inviolée, les Havrais n’arrivent pas non plus à renverser un résultat une fois le premier but encaissé… Le club doyen n’a réalisé cette performance qu’une fois cette saison. Et ce fut face à Auxerre alors réduit à 10 ! Les 11 défaites sur les 13 derniers matches ont aussi laissé des traces sur la confiance du groupe…

Pire attaque du championnat, le HAC traîne encore comme un boulet ses lacunes offensives. Point faible des Ciel & Marine depuis des années maintenant, cette impuissance offensive est révélée au grand jour sur cette première partie de saison. Ainsi, ils n’ont jamais pu inscrire un seul point face à une équipe qui ne joue pas le maintien. 4 victoires face à des concurrents directs pour 11 défaites en 15 matches, le bilan est très peu reluisant. D’autant plus quand il est accompagné d’une nouvelle élimination honteuse en Coupe de France. Face à Saint-Brieuc ( N2 ) juste avant Noël.

Finie l’union sacrée ?

Cette série de résultats défavorables et le manque flagrant de combativité dans certains matches ont créé une réelle fracture entre le public et le groupe havrais. Dans l’œil du cyclone, le coach Didier Digard est la cible de quasiment toutes les critiques. Ses choix tactiques et son attitude pendant les rencontres lui sont reprochés chaque week-end depuis maintenant des mois.

Peu importe son système tactique ou ses choix de joueurs, l’ancien milieu de terrain havrais n’est jamais épargné. Il est vrai que certains choix peuvent paraître surprenants. Comme la mise à l’écart de joueurs importants ( Kuziaev ou Kechta notamment ) ou son obstination à choisir un système à 5 défenseurs. Celui-ci fut d’abord privilégié l’an passé par Luka Elsner avant de rapidement passer à 4 devant le déséquilibre défensif quasi permanent qu’il créait. Les mêmes effets se produisent cette saison. Les 30 buts encaissés cette saison le prouvent

Mais imputer tous les maux du HAC à son coach semble tout de même injuste. Le niveau de l’effectif reste très limité comme l’a démontré la deuxième partie de saison 2023-2024. Le manque de confiance qui découle de celle-ci et de la nouvelle période noire connue actuellement a aussi de grandes conséquences sur le jeu havrais. En effet, la prise de risques des joueurs est quasiment inexistante comme l’a souligné Didier Digard à plusieurs reprises. Quant au manque de combativité sur le terrain, les premiers responsables sont les joueurs eux-mêmes. Et ce, alors que cette cabale contre leur coach qui joue le rôle de paratonnerre les déresponsabilise des résultats de l’équipe depuis des semaines.

Lutte contre la Ligue : une éclaircie possible ?

Si cela n’explique pas tout, notamment une élimination ridicule contre une équipe de National 2, le club doyen doit tout de même faire face à un contexte très compliqué. Premier opposant public à Vincent Labrune, Jean-Michel Roussier, le président du HAC lui reproche notamment la gestion de l’accord CVC. La répartition de la manne financière qui en découle est notamment au cœur des critiques.

En effet, alors que le club doyen doit prendre part au paiement des 13% des revenus au fonds d’investissement, le HAC n’a reçu qu’un 1,5M de compensation sur les 1,5Mds donnés au football professionnel. C’est-à-dire 2X moins qu’un club de Ligue 2. 22X moins qu’un club de Ligue 1 lambda. 133X moins que le Paris Saint-Germain. Et cela s’ajoute à la nouvelle répartition des droits TV. Une répartition qui bénéficie largement aux clubs européens au détriment des clubs de la deuxième partie de tableau.

Au-delà de ces affaires d’équité, la direction du club doyen reproche aussi le délitement de l’image du foot français. L’écart de niveau se creuse petit à petit, précisément à cause de ce type de décisions absurdes. Résultat : le championnat de France n’attire plus et les droits TV sont à la baisse… Le HAC touchera quasiment trois fois moins de droits TV que l’an passé… 6M contre 15M !

Ainsi, le déficit du club se creuse et la direction est dans l’obligation de vendre. Et donc d’affaiblir l’effectif. Même si Bodmer et ses adjoints ont essayé tant bien que mal de limiter la casse cet été avec les seules ventes de Gomis et Joujou, les décisions attendues de la DNCG ( encadrement de la masse salariale et interdiction de recrutement onéreux ) les obligent aujourd’hui à vendre encore cet hiver sans forcément compenser qualitativement les départs

Des investissements indispensables pour progresser !

Malgré cela, le club doyen a gagné un premier combat face à la Ligue. En effet, le HAC a obtenu du tribunal judiciaire de Paris une saisie conservatoire de 7,5M sur les comptes de LFP Media. Ainsi, les reliquats du deal CVC ne peuvent être délivrés aux autres clubs tant que l’injustice subie n’est pas réparée. Il s’agit d’une somme non négligeable pour le club. Outre la possibilité d’éponger le déficit de près de 15M ( réduit à 10 depuis ), elle permettra aussi de couvrir les investissements.

Et ces investissements se dirigeront sans aucun doute sur le centre de formation. Les travaux actuels à la Cavée qui permettront au club de se mettre en conformité avec les demandes de la Direction Technique Nationale ne sont que la première pierre avant de nouvelles améliorations attendues pour avoir des infrastructures de formation au niveau de la réputation de la Cavée. Les suivantes seront certainement destinées à rénover les terrains.

Si les infrastructures n’excusent pas tout, le manque d’investissement est l’une des causes de la rentrée dans le rang de la Cavée cette année. 4e des centres de formation français en 2022-2023, le HAC a plongé à la 10e place la saison passée. Le temps de jeu en équipe première et les résultats scolaires sont notamment les raisons de ce déclassement. Si le premier critère est une conséquence directe de la montée en Ligue 1, le deuxième est un vrai axe de progrès pour la Cavée. Nul doute qu’il sera au cœur du travail de Jaïr Karam, nouveau directeur du centre de formation après le départ de François Rodrigues en Arabie Saoudite.

La Cavée : toujours aussi bonne ?

Outre ce classement réalisé par la FFF, les résultats sportifs ne sont pas non plus aussi bons qu’avant. Au premier rang d’entre eux, l’équipe réserve est descendue cette année de N3 à R1. Un mini séisme pour un club qui souhaite développer ces jeunes et donc les faire jouer à un niveau correct. Si la réforme des compétitions a eu pour effet l’augmentation du niveau dans les championnats nationaux, la double descente de N2 à R1 en 5 ans constitue un véritable échec pour la Cavée.

Avec un écart de 6 divisions entre l’équipe première et l’équipe réserve, il est désormais impossible d’envisager un développement de jeunes joueurs avec déjà un certain niveau à l’intérieur du club. La direction a donc opté pour de nombreux prêts pour ses pépites. Ainsi, Mokrane Bentoumi est prêté à Villefranche, Ebonog et Thiaré à Nancy. Mohamed Koné a même quitté définitivement le club pour Charleroi. Un exode intermittent ou permanent qui n’aurait peut-être pas existé si le club doyen avait maintenu sa réserve à un plus haut niveau.

Etant donné l’écart de niveau, la direction a même hésité à inscrire l’équipe en Régional 1 avant de se raviser. Après un début de saison compliqué et quelques déboires d’ordre administratif, le HAC est désormais à la lutte pour la montée en N3 dans une poule très serrée. La première place en Challenge des Espoirs avec deux victoires en deux matches vient contrebalancer la piètre 11e place sur 14 en U19. Un statut confirmé par l’élimination dès le premier match face au Racing Club de France en Gambardella. La 5e place en National U17, les bons résultats en U19F ainsi que l’éclosion de plusieurs jeunes talents comme Enzo Kana-Biyik laissent toutefois entrevoir des jours meilleurs pour la Cavée.

Mêmes causes, mêmes conséquences pour la section féminine…

Pour la section féminine, l’année 2024 a elle aussi été compliquée. Après une saison conclue à une frustrante 9e place étant donné la qualité de jeu proposée, Laure Lepailleur a décidé de se séparer du coach, Romain Djoubri. La manager générale a opté pour une solution en interne pour le remplacer : Maxime Di Liberto, ancien responsable de l’école de foot féminine et entraîneur de l’équipe U19.

Ce changement de coach a entraîné une période d’adaptation plus longue que prévue. Après une préparation très moyenne, le HAC a très mal négocié son début de saison. Battues par le promu nantais à Océane pour le match inaugural, les Ciel & Marine ont enchaîné par une lourde défaite 8-0 à Charléty face au PFC. Le regain de forme qui suivit les mena à une victoire éclatante face à Saint-Etienne 5-1. Mais les Hacwomen en manque de confiance et méconnaissables sur le terrain retombèrent dans leurs travers et enchaînèrent 5 défaites d’affilée.

Amputé d’une partie de l’effectif à cause de départs ( Ali Nadjim, Davis, Benyahia notamment ) ou d’absences ( Kouache, Elisor, Philippe ), le groupe très jeune a parfois sombré. Comme lors de cette déroute 0-3 à domicile face à Reims. Cette défaite fut paradoxalement le début du renouveau des Havraises. Le HAC montra un beau visage à Fleury puis face à Lyon malgré les deux défaites.

Mais surtout, elles allèrent chercher ensemble le nul face à Strasbourg malgré l’ouverture du score alsacienne. Juste avant Noël, Madeline Roth offrit en fin de partie la deuxième victoire de la saison. Face à Guingamp, un concurrent direct ! Cette victoire importantissime dans la course au maintien permet au HAC d’être à égalité de points avec Reims et Strasbourg avant d’entamer la deuxième partie de saison. Mais elle a surtout révélé des qualités mentales qui manquaient aux Hacwomen jusque là !

Un rebond attendu en 2025 !

Pour toutes les sections, l’année 2024 n’a donc pas été simple. Beaucoup moins rose que l’année précédente marquée par la montée en L1, le maintien confortable en Arkema Première Ligue ou encore le bon classement de la Cavée parmi les centres de formation français. La position de relégable en L1 et en Première Ligue, l’élimination en Coupe de France et en Gambardella tout comme les résultats moyens de la Cavée peuvent certes être source d’inquiétude.

Malgré cela, le projet de la direction du club repose sur le long terme. Ralenti par le contexte économique très difficile du club, il avance tant bien que mal. Notamment avec ce premier maintien en L1 depuis 25 ans. Les propos du directeur sportif Mathieu Bodmer reflètent le sentiment d’échec sur cette année civile. Les échecs, le HAC en a connus dans son histoire. Ce n’est pas le premier et ce ne sera pas le dernier. Toutes les composantes du club doivent désormais se mobiliser pour rebondir en 2025. Notamment pour surmonter les difficultés liées au contexte économique du football professionnel.

Il ne s’agit en aucun cas d’effacer les deux saisons et demies passées avec la nouvelle direction. Le bilan reste tout de même largement positif. Il faudra désormais transformer l’essai et surmonter une période extrêmement compliquée tant sur le plan sportif qu’économique. Si le maintien en Ligue 1 de l’équipe première n’est pas indispensable, il serait sans aucun doute un vrai plus pour développer le club dans tous les domaines.

Crédit photo : Emmanuel Lelaidier ( hac-foot.com )

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