Après 17 matchs joués en Ligue 1, de nombreux enseignements tactiques, collectifs et individuels peuvent déjà être tirés de cette première partie de saison. Voici le baromètre ciel et marine, troisième et dernière partie de notre bilan de mi-saison :
Les tops :
Les Hacmen ne lâchent jamais rien !
S’il y a bien une constante par rapport à la saison dernière, c’est que le HAC a préservé cette haine de la défaite. Le club doyen, auteur d’une série de 32 matchs sans défaite la saison passée ne pourra réitérer une telle performance en Ligue 1. Mais cet état d’esprit est indispensable dans l’optique du maintien dans l’élite du foot français. A de nombreuses reprises, les Ciel et Marine se sont retrouvés dans des situations très difficiles. Cependant, ils n’ont jamais baissé les bras et ont récupéré des points qui pourraient être décisifs en fin de saison.
Ce fut le cas dès le début de saison avec ce but de Grandsir dans le temps additionnel à Montpellier. L’ébroïcien délivra ainsi le compteur de points havrais dès la première journée alors que la Paillade pensait avoir fait la différence grâce au doublé d’Akor Adams. Cette même suffisance toucha aussi le Stade Rennais deux journées plus tard. Les Bretons pensaient que les deux buts du début de match allaient suffire. Surtout après l’expulsion de Samuel Grandsir en deuxième période. C’était sans compter sur Nabil Alioui, auteur d’un doublé qui a permis de rapporter un point du Roazhon Park.
Même lorsqu’il a été complètement dominé à Lyon et face à Clermont, le HAC a su récupérer quatre points de cet enchaînement de matchs. Avec un peu plus de réussite, les Havrais auraient même pu repartir avec les trois points du Groupama Stadium. C’est d’ailleurs ce que le HAC a réussi au Stadium quelques semaines plus tard. Mené une bonne partie du match, les Havrais se sont finalement imposés dans les derniers instants grâce au doublé de Mohamed Bayo.
Vu le nombre de points rapporté par cet état d’esprit résilient, cela méritait amplement d’être Top 1 de notre baromètre ciel et marine !
Le HAC tient la dragée haute aux grosses cylindrées !
D’ailleurs, cette haine de la défaite est aussi responsable des très belles prestations offertes par les Ciel et Marine face aux grosses équipes de cette Ligue 1. Hormis les matchs à Marseille et face à Lille où le HAC n’a pas existé, les Havrais n’ont jamais été ridicules face aux équipes européennes ou aspirant à l’être. Ils ont même montré des qualités collectives rares pour un promu ! Si on enlève les deux matchs déjà cités, la seule équipe du top 9 de Ligue 1 en termes de budget à avoir battu le HAC est le Paris Saint-Germain, club qui ne joue clairement pas dans la même catégorie…
En plus de prendre un voire trois points face à ces équipes, la prestation des Ciel et Marine a clairement été convaincante face à ces grosses cylindrées. Deux journées après le match à Rennes déjà évoqué, l’OL s’est aussi cassé les dents sur la défense havraise. Même chose pour le RC Lens, dauphin du Paris Saint-Germain l’an passé. Mieux que ça, le HAC s’est créé plus d’opportunités que les Sang et Or dans cette rencontre.
Contre le club de la Principauté, le Club Doyen a aussi dominé. Il aurait même pu s’imposer à la dernière seconde sur un pénalty malheureusement arrêté par Köhn. Face au voisin de l’ASM, l’OGC Nice, les Ciel et Marine ont donné une leçon de réalisme aux Aiglons. Le doublé de Sabbi et le pénalty transformé de Bayo ont parachevé cette belle victoire. Victoire que même les plus fervents supporters ne pouvaient prédire face à la meilleure défense de L1. Peu importe l’adversaire, peu importe son statut. Le staff et les joueurs font tout pour trouver la clé du match et engranger les points.
Une défense de fer
Pour enchaîner ses très belles performances, le club doyen a pu compter sur son énorme point fort : son secteur défensif. Déjà impressionnant la saison dernière avec seulement 19 buts encaissés, il l’est encore plus cette année dans l’élite. Pourtant composé de joueurs très peu expérimentés à ce niveau, la défense et Arthur Desmas dans les buts sont de loin les plus grandes satisfactions tactiques de ce baromètre ciel et marine. 7e défense de Ligue 1 à la mi-saison, voilà qui devrait ravir le staff dans l’optique du maintien ! Ce chiffre réalisé notamment grâce aux 6 cleen sheets est le reflet de l’excellent travail collectif dans ce domaine.
Arthur Desmas, dont la première saison en L1 avec Clermont avait été un échec est en train de prouver qu’il est l’un des meilleurs gardiens de l’élite sur sa ligne. Et ce n’est pas la seule individualité qui se dégage dans la défense havraise. En effet, Gautier Lloris s’est imposé comme un joueur indéboulonnable de l’arrière-garde ciel et marine. L’ancien auxerrois fait preuve d’un sens de l’anticipation exceptionnel qui lui permet de rattraper son déficit de vitesse. La sérénité que dégage Lloris dans ces interventions révèle l’énorme progression qu’il a connue depuis son arrivée l’été dernier.
L’autre satisfaction défensive de cette première partie de saison est aussi surprenante que son irruption dans le onze. Effectivement, d’abord abonné au banc, Etienne Youté a profité d’une suspension du capitaine Arouna Sanganté pour se faire une place dans le onze. Depuis, il n’en est pas sorti. Et pour cause ! Le jeune franco-camerounais de 21 ans arrivé l’hiver dernier sans avoir joué un seul match professionnel est très propre dans son jeu défensif. Toujours juste et très physique dans les duels, il réussit à museler les meilleurs attaquants de L1. Pour l’installer dans le onze, Luka Elsner n’a pas hésité à décaler le capitaine Arouna Sanganté sur le côté droit. Un capitaine qui réussit lui-aussi plutôt bien cette adaptation à la L1.
Peu de points perdus face aux concurrents directs
Comme on l’a vu, cette solidité défensive fut primordiale dans les points glanés face aux équipes du Top 10. Mais elle a aussi été primordiale lors des confrontations face aux concurrents directs. Ces “matchs à 6 points” dans la course au maintien ont rarement été mal négociés par les Ciel et Marine. Dès le début de saison, face à Lorient qui n’était pas encore enfoncé dans cette crise, le HAC a réalisé sa plus belle performance après celle de Nice.
Cette victoire complète 3-0 a parfaitement lancé cette course au maintien. Le match suivant à domicile face à Clermont fut beaucoup moins réussi. Cependant, les Havrais sont tout de même repartis avec les trois points de la victoire ( 2-1 ). Le nul à Metz fut décevant tout comme celui à Nantes. Mais lors de chacun de ces déplacements, le HAC prend un point et empêche son adversaire de faire mieux.
De plus, durant cette période, le Havre AC est revenu de Toulouse avec une victoire ! Et quelle victoire avec cette magnifique remontada signée Mohamed Bayo ! La seule grosse déception du HAC face à ses concurrents directs vient de Strasbourg. Le déplacement à la Meinau le 10/12 a sûrement été le match le moins abouti de cette première partie de saison. Et c’est logiquement que le Racing a puni à la dernière seconde les Havrais…
Malgré la faiblesse assez flagrante de l’équipe strasbourgeoise, le HAC a pour la première fois fait preuve de suffisance et a perdu 3 points. Le club doyen a donc laissé s’envoler l’adversaire strasbourgeois qui compte désormais 23 points, 4 de plus que les Ciel et Marine.
Les flops :
Une attaque beaucoup trop intermittente
Lors de cette défaite à Strasbourg, le manque d’efficacité et même de qualité offensive s’est vraiment fait ressentir. Mais lors de cette première partie de saison, ce match est malheureusement loin d’être le seul exemple. C’est pourquoi, ce manque d’efficacité est en haut des flops de notre baromètre ciel et marine de mi-saison.
En effet, lors de la défaite à Strasbourg, le Havre AC a semblé impuissant offensivement. Ce fut le cas aussi à Metz, à Reims et à Nantes où jouer 50 minutes de plus n’aurait pas aidé à marquer un but. La période la plus marquante fut celle d’octobre et novembre où le HAC n’a marqué que lors d’un match sur 8. Face à Marseille et Lille, les Ciel et Marine ont même semblé incapables de se procurer des occasions durant toute une partie de la rencontre tellement la domination adverse était criante.
A domicile, malgré les belles prestations contre les mastodontes monégasque et lensois, les Havrais n’ont pas non plus trouvé le chemin des filets. Pourtant, les occasions n’ont pas manqué cette fois. Le RCL a été malmené de bout en bout par les Ciel et Marine. Mais le manque d’efficacité dans le dernier geste a empêché le club doyen de prendre les trois points… Tout le monde se souvient de Bayo qui n’appuie pas assez sa frappe devant le retour de Kevin Danso.
Mais le souvenir le plus marquant de ce manque de réalisme est clairement le pénalty manqué contre Monaco. Alors qu’on jouait la dernière minute, Samuel Grandsir est malheureusement tombé sur Köhn. C’est pourquoi Mathieu Bodmer parle de “trois-quatre points qui manquent” au HAC à la mi-saison. Il y avait clairement la possibilité de remporter certains de ces matchs. Et cela aurait permis de négocier cette deuxième partie de saison avec plus de sérénité. Comme va pouvoir le faire Strasbourg d’ailleurs.
Pourtant, le HAC a montré qu’il était capable de corriger ce défaut déjà flagrant l’an dernier. En effet, en début de saison, les Ciel et Marine ont inscrit 10 buts en 6 matchs. D’ailleurs, lors de chaque victoire, le Havre AC dépasse ses expected goals, ce qui prouve qu’il sait être efficace sur certains matchs. Aux attaquants désormais de prouver qu’ils peuvent être plus réguliers pour aller chercher le maintien.
Le système à 5 derrière, source de déséquilibre
Le deuxième flop de notre baromètre ciel et marine est beaucoup plus tactique que technique. L’effectif ayant clairement été construit pour jouer dans ce système à cinq avec la présence notamment des deux pistons, Négo et Opéri qui ne peuvent pas jouer ensemble dans un système à quatre, on a rapidement compris que Luka Elsner et son staff avaient fait le choix d’opter pour un changement tactique à l’intersaison.
Ce fut le cas dès le premier match face à Montpellier. Le HAC a commencé avec une défense à 5, en 5-3-2. D’abord efficace en première période, ce système a pris l’eau lorsque les montpelliérains ont joué dans le dos de la défense. Le deuxième but d’Akor Adams en est le parfait exemple. Lors de la deuxième journée face à Brest, Eric Roy et ses hommes ont cette fois parfaitement exploité les espaces naturels laissés derrière eux par les pistons dans une défense à 5. Romain Del Castillo s’est régalé et a même ouvert le score de la sorte.
Alors, Luka Elsner qui avait délaissé son habituel 4-3-3 y est très vite revenu au vu des défauts constatés. Il n’est pas facile de travailler un autre système tactique surtout aussi complexe qu’un 5-3-2. Encore plus quand l’équipe n’a pas encore la connaissance du niveau de la L1.
Le déclic a eu lieu face à Rennes. Pour la première fois, Luka Elsner a choisi de placer Négo beaucoup plus haut et de décaler Salmier couloir droit. Ainsi, tout en gardant les mêmes joueurs, le coach slovène est repassé dans un 4-3-3 beaucoup plus équilibré. Ce système qui avait fait la force du HAC l’an dernier a permis d’être à la fois plus solide défensivement et plus actif offensivement. En effet, il offre aux attaquants la possibilité de combiner avec un Loïc Négo beaucoup plus offensif. Il a d’ailleurs été décisif dès ce match face à Rennes en offrant une passe décisive à Alioui.
Ensuite, Elsner a voulu retenter une défense à 5, cette fois dans un 5-2-3. Fini le manque d’allant offensif, cette fois, le gros souci étant le manque de possibilités au milieu composé seulement de deux éléments. A Metz notamment, Kuziaev et Touré ont dû à la fois compenser défensivement le déficit au milieu et offrir des possibilités offensives. Résultat, ils ont livré une prestation médiocre… De plus, les adversaires s’en sont donné à cœur joie pour profiter de l’espace entre la défense et le milieu. Les 20 premières minutes à Toulouse en sont l’exemple parfait. Le HAC a pris l’eau défensivement avant que Luka Elsner ne décide de repasser en 4-3-3. Cette capacité d’adaptation du staff havrais est cependant un point fort qui aurait pu apparaître dans notre baromètre ciel et marine.
Des joueurs portés disparus
Souvent loué pour sa capacité à faire des paris gagnants comme celui de Sabbi face à Nice, Luka Elsner se démarque aussi par sa capacité à écarter des joueurs dans la durée. Dans un effectif pléthorique avec 33 joueurs pros sous contrat, il est difficile de contenter tout le monde. Surtout dans un championnat à 18 où l’on joue que 34 journées. Cependant, des joueurs aux prestations satisfaisantes l’an dernier ou en début de saison sont désormais portés disparus.
Le cas le plus flagrant est celui de Oualid El-Hajjam. Véritable pilier de la défense et du vestiaire de la montée, il n’a disputé que 103 minutes cette saison… Dont une titularisation face à Marseille, seule fois où sa prestation n’a pas été bonne depuis deux saisons. Malgré cela, sa prolongation de contrat récente prouve son importance dans le groupe… Largement aimé par les supporters pour son dévouement, on espère qu’il retrouvera vite les terrains.
Une gestion assez incompréhensible qu’on retrouve aussi dans le cas Issa Soumaré. Recruté à l’été, l’ancien joueur de QRM n’est désormais même plus dans le groupe… Pourtant, il avait commencé la saison comme titulaire. Et ses prestations étaient plutôt intéressantes offensivement, notamment dans le jeu aérien. Il semble aujourd’hui l’un des joueurs les plus enclins à partir lors de ce mercato d’hiver…
Le cas le plus surprenant est celui de Kandet Diawara. Lui aussi recruté à l’été, il n’a pas eu une seule minute de temps de jeu en pro. 58 minutes à peine en N3 puisqu’il ne redescend presque jamais avec la réserve. Ce pari de Bodmer venu de Chypre qui avait été intéressant en préparation n’aura donc pas eu sa chance dans la cité océane avant son prêt plus que probable cet hiver.
La gestion des neuf ailiers sous contrat allait forcément être problématique dès le début de saison. Pourquoi donc avoir pris ces deux joueurs sans leur donner leur chance ni les envoyer en prêt ? Cela restera un mystère…
On pourrait revenir aussi sur le cas de la pépite de la Cavée, Mokrane Bentoumi. Véritable révélation de la fin de saison en Ligue 2, il est redescendu dès le milieu de la préparation avec la réserve. Capable de déséquilibrer les défenses adverses, il aurait pu être intéressant dans des matchs où le HAC ne trouvait pas la solution. Ecarté dès l’intersaison, il a ensuite été victime d’une blessure qui l’a empêché d’enchaîner les matchs avec la N3. ( seulement 5 matchs cette saison ) Désormais rétabli, il devra travailler dur pour retrouver le groupe pro en match officiel. Ou à défaut, être lui aussi prêté pour retrouver du temps de jeu.
Le directeur sportif, Mathieu Bodmer a cependant pris conscience de la situation de certains joueurs. Il a en effet déclaré que plusieurs joueurs sont susceptibles de partir cet hiver, notamment en prêt. L’objectif du mercato d’hiver est donc d’alléger cet effectif de 33 joueurs qui ne permet pas à tous de s’épanouir. Tout en gardant bien sûr les joueurs régulièrement alignés avec l’équipe professionnelle. Sauf offre exceptionnelle impossible à refuser, notamment pour Sanganté. Et peut-être pour Alioui à 6 mois de la fin de son contrat. Il ne faudra pas non plus déséquilibrer totalement l’effectif de la réserve qui est actuellement en difficulté, à la lutte pour le maintien en National 3. Nous y reviendrons dans notre bilan formation de la semaine prochaine.
Un bilan satisfaisant pour tous les suiveurs du HAC
Les éléments cités dans ce baromètre ciel et marine tout comme ceux cités dans les deux premières parties prouvent clairement la réussite de ce début de saison havrais. Les Havrais pourront s’appuyer sur leurs valeurs et leur solidité défensive dans la lutte pour le maintien ainsi que sur leur public. Les points déjà engrangés face aux grosses cylindrées pourront être décisifs dans cette lutte. Le HAC aura certainement plus de mal face à eux en deuxième partie de saison puisqu’il se déplacera beaucoup plus sur leur terrain qu’il ne les recevra.
En revanche, les confrontations directes pour le maintien auront lieu pour la plupart au Stade Océane. Il faudra rester régulier et essayer d’enchaîner les victoires face aux mal classés si le club doyen veut s’assurer un maintien confortable. Malheureusement, avec le réveil des gros clubs jusque là endormis ( OL, Rennes ), le groupe de mal classés commence à se resserrer et la lutte pour le maintien promet d’être rude.
Pour cela, les Ciel et Marine devront être plus efficaces devant le but pour concrétiser leurs opportunités de prendre des points. Le staff technique aura aussi une responsabilité importante en faisant les bons choix de joueurs et de système tactique. Mais Luka Elsner et ses adjoints ont clairement prouvé depuis l’an dernier qu’on pouvait compter sur eux !
Toute la ville et tous les expatriés doivent continuer à soutenir de toutes leurs forces cette équipe qui impressionne au vu des moyens du club ! Il faudra tous être derrière le HAC, jusqu’au bout ! Poursuivre sur cette voie d’améliorer l’ambiance à Océane et à l’extérieur ! Et à la fin, on aura peut-être la joie de connaître une deuxième saison consécutive en Ligue 1 ! Chose qui n’a pas encore été réalisée par le club doyen depuis le début du XXIe siècle…
Crédit photo : Emmanuel Lelaidier / HAC-Foot
